vendredi 10 octobre 2014

(Disparition)

Il y a quelque temps déjà je vous parlais ici de ce grand mur, peint et réalisé à l'entrée est de Cinq-Mars-la-Pile. 
Deux publicités pour une très grande surface idéalement placée : une gigantesque Saint-Raphaël surmontée de son macaron aux deux serveurs, et une plus modeste, mais non moins intéressante, par la vivacité de ses couleurs, Bénédictine. 
Ce mur vient de disparaître dans la construction d'une maison et les surfaces encore visibles du mur ont été piquetées pour un rendu plus net de la façade de cette bâtisse tourangelle de caractère au bord de l'ancienne nationale 152.
Si ce blog va permettre d'en garder la trace, ces disparitions m'interpellent toujours. A quelques kilomètres de là, la même mésaventure est arrivée à un mur peint Energic, tandis qu'un des murs peints voisins se voyait préserver par on ne sait quel miracle.
Il y a bien donc autant de prises de décisions sur la conservation ou la disparition de ces murs qu'il y a de propriétaires. Et si bien sûr on ne peut contraindre ces derniers à abandonner un projet immobilier pour une publicité peinte, on pourrait imaginer que les services des villes qui instruisent les permis de construire soient sensibilisés et conscients de l'intérêt patrimonial, de mémoire, voire de l'intérêt artistique -pour certaines d'entre elles -de ces oeuvres. 
Cette nouvelle disparition me fait poser plusieurs questions. La première sur le glissement progressif du message délivré à la vue d'un mur peint qui contribue grandement à s'en détacher. Que voit-on ? Un mur défraîchi ? Une oeuvre patinée par le temps ? Un message publicitaire parmi d'autres ? La seconde question est celle du statut de la publicité peinte. A qui appartient elle. A tous, car visible de la voie publique ou au(x) seul(s) propriétaires du mur support ? Enfin, la question de la législation ou du moins d'aides à la protection et à la valorisation me semble récurrente. Que peut on défendre à travers ces murs : la patte d'un peintre, une création originale -même si elle est déclinée en séries-, un savoir-faire qui tend à disparaître, la préservation d'une marque disparue ? L'aspect patrimonial et de mémoire peut il cohabiter ou supplanter l'intérêt privé ? Le débat est ouvert !

Merci à P & M pour la dernière photo.

9 commentaires:

  1. Et merde ! (vous m'avez grillé le billet ;-))

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  2. ... le problème va se poser d'autant plus pour les publicités de boissons alcoolisées..

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  3. @Eric : désolée ! Mais vous pouvez le faire aussi ! :-)
    @geodaszner : tout à fait d'accord, c'était l'un aussi de mes questionnements, il est sans doute plus facile de faire passer une restauration de "Bébé Cadum" que d'une Dubonnet… encore que tout dépend justement du point de vue que l'on adopte (promotion de la marque ou restauration de la pub en tant qu'oeuvre)

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    1. je pense que la préservation se fait si une charge affective y est associée (valable pour les peintures comme pour le reste..) Ce peut être une initiative privée, communale ( comme à Saulieu) ou associative (groupement touristique, mais aussi alcooliques repentis, routiers nostalgiques, club de cireurs de chaussures , gominés en tous genres..) pas sur que la voie administrative aboutisse ( et c'est bien dommage...)

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  4. Ah, c'est sûr que les plaques de cocher et autres bornes Michelin ont une meilleure image de marque...
    Nos collègues du CONPER ont tenté de porter la question au niveau idoine : si l'on considère que les murs publicitaires peints sont du patrimoine, il faut monter l'ingénierie qui va bien pour en prendre acte (inventaires, fonds dédiés à la conservation, action de terrain pour négocier avec les propriétaires...) En réalité, tout le monde s'en moque un peu, je pense, ça va être difficile de mobiliser un seul député sur ce point...
    Après, les marques elles-mêmes pourraient chacune pour leur part se saisir de la question de la conservation.
    Donc poursuivons avec opiniâtreté notre travail d'inventaire, ce sera la seule manière de garder cette mémoire.
    (Au passage, Clio, superbe prise !)

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  5. Le débat est intéressant. Nous posons à travers nos sites et blogs un inventaire précieux. Pas bête l'idée que les marques qui existent encore se saisissent de la perennité de leurs anciennes réclames.

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    1. @tous et toutes

      Oui mon cher geodaszner, avec ton humour tu réponds bien à la question. Oui, prenons des photos car à part quelques murs emblématiques : Ripolin, Nicolas, Menier...personne n'est prêt à mettre entre 150000 et 200000 € ( ---> clic !
      Quelques actions isolées cependant pour des murs de quelques m2 et c'est déjà bien.
      Bon, vous pouvez compter sur moi pour alimenter la série : ---> ici et je le regrette !

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    2. Merci pour ces échanges sur le sujet. Je reprends le fil des commentaires pour rebondir sur le lien d'Eric et cette inscription à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques par l'Etat de deux murs peints Ripolin et Bénédictine. C'est un premier pas mais il reste encore à sensibiliser, notamment les autres "peintres". Parce que lorsque l'on va sur le street view daté d'août 2014, que voit on ? Des tags qui recouvrent les bâches protégeant ces deux pubs…(https://www.google.fr/maps/@48.8772989,2.3394405,3a,75y,164.73h,109.81t/data=!3m4!1e1!3m2!1s3er3mT3kQSPN5pFR3HGkBQ!2e0)

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    3. A la naissance du graff/street art, le concept était : tout est permis. La répression et la reconnaissance aidant de véritables artistes sont sortis de cette jungle. Des lieux autorisés et/ou tolérés sont maintenant dévolus à cette expression. Mais là, nous avons affaire à des voyous. A moins de recouvrir ces réclames d'un plexiglas (qui sera bien entendu tagué), il n'y a malheureusement pas grand chose à faire.

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